Le 22 juin Nicolas Sarkozy va faire un discours devant les députés et sénateurs, résultats de la « réforme » de la constitution. Personnellement je n’ai pas compris l’intérêt de revenir sur ce qui avait été mis en place au 19e siècle en vertu de la séparation des pouvoirs. La jeune république française avait alors mis le maximum de garde-fous contre la concentration des pouvoirs et le retour de la dictature, à l’époque c’est un risque proche et réel.
On reproche à François Bayrou d’exagérer les critiques à l’encontre des actions gouvernementales favorisant la concentration de pouvoir et les atteintes aux libertés individuelles. Soit, si la France perd un peu plus de démocratie, elle ne va pas devenir une dictature. Mais l’alarme de François Bayrou est autre, il combat un modèle de société basé sur les inégalités croissantes, modèle basé sur les Etats-Unis et pas n’importe laquelle, celle de GW Bush. Cette Amérique n’est pas une dictature, mais en aucun cas mon rêve de société.
Car c’est ce modèle qui fait rêver Nicolas Sarkozy à commencer par le discours à la nation du président. Les élus n’ont pas la télévision ? Pour un président omniprésent dans les médias, transformant chaque discours en meeting UMP, comment ne pas connaitre ses positions ? Il est vrai que son discours devrait changer, moins de bouc-émissaires, moins de pics politiques inutiles, moins d’insultes contre les français. Il devrait se concentrer sur de belles paroles, de belles promesses non suivi des faits. Une opération de comm de plus, mais en plus classe.
Cela n’apporte rien, mais ça fait tellement américain. Ce modèle rêvé. Et les Français aussi rêvent de ce modèle. Et Nicolas Sarkozy a des arguments solides. Lors de l’avant guerre en Irak, les tensions sont fortes entre la France et les Etats-Unis. Les Français ne veulent pas de la guerre. Quand on lui demande si les Français aiment les Etats-Unis, il répond que c’est évident, la preuve : France 2 et TF1 programment une série américaine le dimanche soir et c’est un succès d’audience. La journaliste ne bronche pas devant la stupidité de la déclaration. Les Français n’aiment pas les républicains, leur modèle inégalitaire, qu’ils aiment les experts ou pas. Si les élections se passaient en France, les démocrates seraient toujours gagnants.
Mais il y a un autre argument. Les statistiques sont l’art de bidouiller les chiffres pour arriver au résultat utile. Aujourd’hui : les élections européennes. 28% des électeurs votent UMP cela veut forcément dire qu’ils veulent une société basée sur les inégalités croissantes, le modèle anglo-saxons. Il faut tout copier car pour Nicolas Sarkozy, tout est bon dans l’anglo-saxon.
Il faut copier le modèle social. Dernièrement des ONGs américaines reviennent sur le continent (elles quittent l’Afrique ou les Tropiques) pour soigner les 50 millions d’Américains ne pouvant se soigner. Des hôpitaux de campagne s’installent dans des gymnases et les attentes durent des heures.
Il faut copier le modèle économique, le crédit hypothécaire que Nicolas Sarkozy voulait mettre en place. Chacun connait les conséquences aujourd’hui. Mais les origines ? A la fin des années 30, le système bancaire renaissant avait mis le maximum de garde-fous contre la spéculation et une nouvelle crise. A l’époque c’est un risque proche et réel.
Dans les années 80, appâtés par d’important gains à court terme et instable, les responsables américains font sauter les verrous un à un, avec le succès que l’on sait.
Autre statistique, c’est la première fois depuis 1979 et Valéry Giscard d’Estaing qu’un gouvernement arrive en tête des européennes. 2 ans plus tard Valéry Giscard d’Estaing ne sera pas réélu et est le seul président depuis 35 ans à ne faire qu’un mandat.
Mais bon, les statistiques…