J'ai appris quelquechose de surprenant et de très inquiétant. Il y aurait 1 suicide par semaine en moyenne dans l'effectif de la police nationale (5 suicides la semaine dernière). C'est Bénédicte Desforges, invitée, qui annonce ce chiffre. Ce que l'on peut lire sur son blog.
1 par semaine, soit plus de 50 par an. Ce doit être le nombre de suicides dans les effectifs de tout le CAC 40. Et personne n'en parle. Lorsque Renault a connu 3 suicides, cela a fait les gros titres, dans le même temps Peugeot avait 7 suicides. On en a peu parlé. Et il a fallu beaucoup plus pour que l'on parle de France Telecom - Orange.
Il ne faut pas y voir de la censure de la part des médias. Ce que les journalistes ne connaissent pas, ils ne peuvent pas en parler. L'information ne viendra jamais des dirigeants qui généralement refusent de faire un lien entre l'entreprise et le suicide. Les salariés n'en parlent pas, surtout les fonctionnaires de police. La source d'information la plus fréquente vient des syndicats. Et les syndicats de police ne sont pas bavards.
Que le nombre de suicides ne soient pas communiqué est une conséquence directe de cet état de fait. Mais le plus grave est le déni des hiérarchiques de voir la fonction comme responsable. Les entreprises privées ne prennent plus cette position, car elle n'est pas soutenable. Les suicides sont d'ailleurs les plus nombreux parmis les policiers en uniforme, ceux qui sont au contact de la population, ceux qui contrôlent, ceux qui sont visibles. Mais dans le cas présent, la polique s'en mêle.
Le travail de la police est lié directement à la stratégie électorale de Nicolas SARKOZY. Brice HORTEFEUX n'admettra jamais qu'il y a un problème. Pourtant dès 2002, le ministre de l'intérieur annonçait systématiquement la création de nouvelles polices, à l'entendre de nouveaux moyens étaient mis à disposition. En fait, les effectifs ne font que réduire. On la voit à Poissy, la police municipale comble de plus en plus son absence. En supprimant la proximité, la police a été coupée de la population. La prévention est interdite. La pression est grandissante car les agressions ne font qu'augmenter, une logique d'indicateurs a été mise en place.
Qui travaille dans une entreprise un peu structurée connait les risques d'une pression exagérée sur un indicateur mal adapté. Pour Nicolas SARKOZY, si l'insécurité augmente c'est par manque d'engagement des policiers. Pas la politique mise en place. Admettre que la détérioration des conditions de travail soit à l'origine des suicides revient à admettre que la polique sécuritaire et répressive est inutile, pire: nocive.
Pourtant, les experts sont formels. Mettre un individu dans un contexte de pression excessive en demandant notamment des résultats sur lesquels il n'a pas prise, sans mettre à sa disposition les moyens nécessaire pour sa mission est un des principaux vecteur de suicide dans l'entreprise. C'est encore plus fort lorsque la fonction change brutalement de sens (qualité => quantité) sans management adapté. Et je veux bien croire qu'un policier est plus exposé au stress en temps normal qu'un salarié lambda.
C'est le cas de France Télécom - Orange, c'est le cas de la Police Nationale.